Localisation d’un point d’émission d’une source sonore dans l’espace

La perception naturelle de l’espace sonore passe par le positionnement des sources qui nous entourent et que l’on nomme localisation. Localiser une source, c’est déterminer sa direction, donc son azimut et sa hauteur (élévation), puis la distance à laquelle elle se trouve, donc sa profondeur.


Une onde acoustique issue d’une source S parvient aux oreilles de l’auditeur en signaux:
- Sd arrivant directement à l’oreille droite
- Sd arrivant à l’oreille gauche (opposée à la source), appelée " onde de contournement " (cf. figure ci-dessous).


1/ Différence de temps d’arrivée des signaux


L’assimilation de la tête à une sphère de rayon r définit la différence de temps d’arrivée des signaux provenant d’une source sonore suffisamment éloignée en fonction de son angle d’incidence.


On calcule qu’une source sonore située à 90° (localisation latérale extrême) est perçue avec une différence de temps de 0,65 ms, valeur de retard maximum d’une oreille par rapport à l’autre.


2/ Différence d’intensité des signaux


La tête, de par sa morphologie, constitue un obstacle à l’onde sonore. La texture de l'oreille, la forme du pavillon et du canal, le tympan provoquent des phénomènes de diffraction et d’absorption, d’où filtrage en fréquence qui dépend de la source sonore. La complexité de ce filtrage est telle qu’il n’existe à ce jour aucune modélisation mathématique vraiment fiable. La figure ci-dessous montre, pour une source sonore se déplaçant de 0 à 180°, les différences d’intensité en fréquence obtenues expérimentalement.


2.1 Différence d’intensité


Pour chaque position de la source sonore, la différence d’intensité perçue par chaque oreille est fonction de la fréquence: on parle de fonction de transfert interaurale. Mais les différences d’intensité sont beaucoup plus significatives lorsque la valeur de la longueur d’onde se rapproche des dimensions de la tête, donc pour les fréquences supérieures à 250 Hz.


L’homme mémoriserait au cours de sa vie une multitude de fonctions de transfert interaurales correspondant à des directions différentes. Les filtrages mémorisés viendraient s’ajouter au spectre de la source et permettraient notamment de lever l’ambiguïté de localisation entre l’avant et l’arrière, le haut et le bas.


Les petits mouvements instinctifs de la tête précisent encore la localisation en donnant à l’auditeur plusieurs fonctions de transfert pour chaque source sonore.
Expérimentalement, on constate que la différence d’intensité moyenne est pratiquement proportionnelle à la valeur de l’angle, lorsque celui-ci est compris entre 0 et 50°. On remarque une différence maximale d ‘intensité d’environ 7dB, dès que la source atteint 60° et non 90°.


2.2 Précision de la localisation


Le seuil minimum de discrimination angulaire audible dans l’axe est de 1 à 2°.
Comme le montre la figure ci-dessous, la précision de localisation dépend également de l’angle d’incidence de la source.
La précision de localisation d’une source qui se déplace autour d’un observateur décroît largement lorsqu’elle se trouve sur le côté de la tête. La source positionnée à 90° est localisée autour de 80° avec une incertitude de l’ordre de 20°.


3/ Localisation dans le plan vertical médian


La localisation d’une source sonore est moins précise dans le plan vertical que dans le plan horizontal. Ceci est dû à des différences interaurales particulièrement réduites : seules interviennent quelques asymétries du corps humain, notamment celle des pavillons.
L’incertitude de localisation atteint 15 à 20° pour une source située au-dessus de la tête.


L’expérimentation décrite par la figure suivante met en évidence le rôle déterminant du spectre dans la localisation devant, dessus, ou derrière. On observe que la direction apparente est imposée par la fréquence centrale de certaines zones spectrales. Les signaux au voisinage de :
- 8 kHz semblent venir du haut
- 1 kHz semblent venir de l’arrière
- 3 kHz et les fréquences basses semblent venir de face.


Cette notion peut être utilisée directement en sonorisation. Un effet d’élévation sonore peut être créé en introduisant une accentuation vers 8 kHz.


4/ Localisation en profondeur


Trois principaux indices interviennent dans la localisation en profondeur :
- 4.1 les variations d’intensité
- 4.2 le rapport du son direct au champ réverbéré
- 4.3 les variations spectrales typiques.


- 4.1 les variations d’intensité


Lorsqu’on s’éloigne d’une source sonore
, nous avons vu (voir par ailleurs-lien) que l’intensité diminue de 6 dB à chaque doublement de distance.
Diverses expériences ont démontré que des sources sonores familières sont localisées avec plus de précision que des sources inconnues et que dans les deux cas, ces distances sont toujours sous-estimées. L’estimation de la distance dépend également du niveau d’émission de la source.
En conséquence, si l’on désire recréer artificiellement une impression de profondeur, une atténuation supérieure à 6 dB (jusqu’à 20 dB) est nécessaire pour donner l’illusion d’un doublement de distance.


- 4.2 le rapport du son direct au champ réverbéré


Nous avons vu que dans une salle, lorsqu’un auditeur s’éloigne d’une source sonore, le rapport du son direct au son réverbéré diminue.
Le son réverbéré est constitué de multiples réflexions ; il devient rapidement homogène en tous points de la salle. En fait, seule l’énergie du son direct décroît de 6 dB à chaque doublement de distance, d’où une même décroissance du rapport champ direct / champ réverbéré.

Cette décroissance relative constitue un indice de localisation en profondeur supérieur à celui de la seule décroissance directe du son direct. En d’autres termes, le taux de réverbération semble constituer un indice " absolu " du positionnement d’une source en profondeur, alors que la simple connaissance de l’intensité ne le permet pas.


4.3 les variations spectrales


La densité spectrale d’un signal sonore varie lors de sa propagation en fonction d’une absorption inégale des fréquences graves et aiguës.
Des expériences ont montré notamment qu’en champ libre, des sons dont le contenu fréquentiel est inférieur à 2 kHz semblent plus éloignés que les sons de fréquence supérieure
La figure ci-dessous présente les résultats de l’estimation de la distance d’une voix parlée masculine chuchotée, à spectre essentiellement aigu, comparée à celle d’une voix parlée normalement à large spectre. On constate que la perception de la distance d’une voix chuchotée est sous-estimée.
On en déduit que la sensation d’une source sonore proche ou lointaine pourra être créée artificiellement par un filtrage approprié.

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