La perception naturelle de lespace sonore passe par le positionnement des sources qui nous entourent et que lon nomme localisation. Localiser une source, cest déterminer sa direction, donc son azimut et sa hauteur (élévation), puis la distance à laquelle elle se trouve, donc sa profondeur.
Une onde acoustique issue dune source S parvient aux oreilles de lauditeur
en signaux:
- Sd arrivant directement à loreille droite
- Sd arrivant à loreille gauche (opposée à la source),
appelée " onde de contournement " (cf. figure ci-dessous).
Lassimilation de la tête à une sphère de rayon r définit
la différence de temps darrivée des signaux provenant dune
source sonore suffisamment éloignée en fonction de son angle dincidence.
On calcule quune source sonore située à 90° (localisation latérale extrême) est perçue avec une différence de temps de 0,65 ms, valeur de retard maximum dune oreille par rapport à lautre.
La tête, de par sa morphologie, constitue un obstacle à londe
sonore. La texture de l'oreille, la
forme du pavillon et du canal, le tympan provoquent des phénomènes
de diffraction et dabsorption, doù filtrage en fréquence
qui dépend de la source sonore. La complexité de ce filtrage est
telle quil nexiste à ce jour aucune modélisation mathématique
vraiment fiable. La figure ci-dessous montre, pour une source
sonore se déplaçant de 0 à 180°, les différences
dintensité en fréquence obtenues expérimentalement.
Pour chaque position de la source sonore, la différence dintensité perçue par chaque oreille est fonction de la fréquence: on parle de fonction de transfert interaurale. Mais les différences dintensité sont beaucoup plus significatives lorsque la valeur de la longueur donde se rapproche des dimensions de la tête, donc pour les fréquences supérieures à 250 Hz.
Lhomme mémoriserait au cours de sa vie une multitude de fonctions
de transfert interaurales correspondant à des directions différentes.
Les filtrages mémorisés viendraient sajouter au spectre
de la source et permettraient notamment de lever lambiguïté
de localisation entre lavant et larrière, le haut et le bas.
Les petits mouvements instinctifs de la tête précisent encore la
localisation en donnant à lauditeur plusieurs fonctions de transfert
pour chaque source sonore.
Expérimentalement, on constate que la différence dintensité
moyenne est pratiquement proportionnelle à la valeur de langle,
lorsque celui-ci est compris entre 0 et 50°. On remarque une différence
maximale d intensité denviron 7dB, dès que la source
atteint 60° et non 90°.
Le seuil minimum de discrimination angulaire audible dans laxe est de
1 à 2°.
Comme le montre la figure ci-dessous, la précision de localisation dépend
également de langle dincidence de la source.
La précision de localisation dune source qui se déplace
autour dun observateur décroît largement lorsquelle
se trouve sur le côté de la tête. La source positionnée
à 90° est localisée autour de 80° avec une incertitude
de lordre de 20°.
La localisation dune source sonore est moins précise dans le plan
vertical que dans le plan horizontal. Ceci est dû à des différences
interaurales particulièrement réduites : seules interviennent
quelques asymétries du corps humain, notamment celle des pavillons.
Lincertitude de localisation atteint 15 à 20° pour une source
située au-dessus de la tête.
Lexpérimentation décrite par la figure suivante met en évidence
le rôle déterminant du spectre dans la localisation devant, dessus,
ou derrière. On observe que la direction apparente est imposée
par la fréquence centrale de certaines zones spectrales. Les signaux
au voisinage de :
- 8 kHz semblent venir du haut
- 1 kHz semblent venir de larrière
- 3 kHz et les fréquences basses semblent venir de face.
Cette notion peut être utilisée directement en sonorisation. Un
effet délévation sonore peut être créé
en introduisant une accentuation vers 8 kHz.
Trois principaux indices interviennent dans la localisation en profondeur :
- 4.1 les variations dintensité
- 4.2 le rapport du son direct au champ réverbéré
- 4.3 les variations spectrales typiques.
Lorsquon séloigne dune source sonore, nous avons
vu (voir par ailleurs-lien) que lintensité diminue de 6 dB à
chaque doublement de distance.
Diverses expériences ont démontré que des sources sonores
familières sont localisées avec plus de précision que des
sources inconnues et que dans les deux cas, ces distances sont toujours sous-estimées.
Lestimation de la distance dépend également du niveau démission
de la source.
En conséquence, si lon désire recréer artificiellement
une impression de profondeur, une atténuation supérieure à
6 dB (jusquà 20 dB) est nécessaire pour donner lillusion
dun doublement de distance.
Nous avons vu que dans une salle, lorsquun auditeur séloigne
dune source sonore, le rapport du son direct au son réverbéré
diminue.
Le son réverbéré est constitué de multiples réflexions
; il devient rapidement homogène en tous points de la salle. En fait,
seule lénergie du son direct décroît de 6 dB à
chaque doublement de distance, doù une même décroissance
du rapport champ direct / champ réverbéré.
Cette décroissance relative constitue un indice de localisation en profondeur supérieur à celui de la seule décroissance directe du son direct. En dautres termes, le taux de réverbération semble constituer un indice " absolu " du positionnement dune source en profondeur, alors que la simple connaissance de lintensité ne le permet pas.
La densité spectrale
dun signal sonore varie lors de sa propagation en fonction dune
absorption inégale des fréquences graves et aiguës.
Des expériences ont montré notamment quen champ libre, des
sons dont le contenu fréquentiel est inférieur à 2 kHz
semblent plus éloignés que les sons de fréquence supérieure
La figure ci-dessous présente les résultats de lestimation
de la distance dune voix parlée masculine chuchotée, à
spectre essentiellement aigu, comparée à celle dune voix
parlée normalement à large spectre. On constate que la perception
de la distance dune voix chuchotée est sous-estimée.
On en déduit que la sensation dune source sonore proche ou lointaine
pourra être créée artificiellement par un filtrage approprié.