La classification acoustique des instruments de musique déterminée
par la lecture de leurs sonagrammes rejoint celle des musiciens. On distingue
trois grandes familles d’instruments: les cordes, les vents et les percussions.
Le système excitateur est une corde faite de matériaux variés
et qui fait vibrer un " corps sonore " généralement
constitué de minces plaques de bois associées entre elles ou de
peaux tendues sur une caisse, etc. Les trois grands groupes de cette famille
sont alors définis par la manière d’exciter la corde qui
détermine trois types caractéristiques de sonagrammes :
Elle fournit par définition des sons entretenus, donc harmoniques, à
raies strictement équidistantes et qui s’éteignent quasi
simultanément. L’attaque produit des bruits de frottements brefs,
assez faibles et quasi blancs (ex : violon).
Elle comporte un spectre quasi harmonique dont les raies s’écartent
très légèrement au fur et à mesure qu’elles
sont placées plus haut. La note débute par un léger trait
vertical : c’est le choc que produit la corde sur l’instrument au
moment où on l’abandonne. Les partiels s’éteignent diversement
dans le temps. (ex : guitare, clavecin).
L’allure générale du spectre
est identique au cas précédent, légèrement inharmonique.
Mais ici le choc de l’attaque est beaucoup plus intense. (ex : piano).
Pour exciter une colonne d’air avec du " vent ", il n’existe
pratiquement que deux moyens utilisables pour les instruments traditionnels
: souffler sur une arête ou utiliser une anche.
Les raies spectrales sont équidistantes puisqu’il s’agit de
sons entretenus, harmoniques par définition. Mais ces raies sont habituellement
en nombre restreint et les harmoniques graves sont relativement intenses. Souvent
on note la présence d’un certain taux de bruit venant du souffle.
L’attaque est souvent graduelle et les harmoniques apparaissent dans un
ordre irrégulier.
Les spectres sont toujours riches en harmoniques. Ceux-ci n’apparaissent
pas simultanément, phénomène net surtout dans les anches
graves. On observe généralement des régions formantiques
où des groupes d’harmoniques voisins sont très intenses.
(ex: hautbois : anche double, accordéon : anche libre, anches lippales
(les lèvres) : cor).
Elles se caractérisent par leur transitoire d’attaque qui est généralement
brutal et intense. Après ce choc, le phénomène peut affecter
diverses allures :
1 un choc sec sur un matériau très amorti, du bois par
exemple. Il se traduit par une hachure verticale d’une faible largeur.
C’est un bruit d’impact dans le sens usuel du mot : la crécelle
fournit des successions de chocs de ce genre.
2 un choc coloré. On l’obtient lorsqu’on frappe sur
une plaque composite en bois ayant par exemple deux résonances. Le son
possède une certaine hauteur, mais la sensation en est plus ou moins
floue et ambiguë selon le cas.
3 un choc bruyant. C’est par exemple un coup sur un tambour, avec
une résonance grave de hauteur indéfinissable.
4 Un choc sur un corps non amorti à deux dimensions importantes,
métallique en particulier. S’il est très long (tringle, tube
métal, etc), ou très mince (plaque de fer), bref, s’il a
deux dimensions importantes comparativement à la troisième, on
obtiendra un spectre d’allure vaguement " harmonique " dont les
partiels s’éteignent à des moments différents.
5 Un choc sur un corps sonore non amorti, mais ayant trois dimensions comparables
: plaque épaisse, cloche, etc. Le spectre est alors totalement inharmonique.
Il nous sera facile d’incorporer à peu près l’intégralité des instruments de musique traditionnels dans cette classification.